RJH : Réacteur d’essai

Osiris, en service depuis 1966, prendra sa retraite d’ici une dizaine d’années. Outil de R&D indispensable à l’industrie nucléaire, sa relève est d’ores et déjà prévue avec le projet RJH, réacteur Jules Horowitz. Le CEA a lancé sa conception à la fin des années 90. Aujourd’hui, le projet prend une dimension européenne ; une première étape a été franchie en associant douze partenaires (voir “À savoir”) en 2002 dans le cadre du 6e PCRD (Programme-cadre de recherche et développement). En effet, en Europe, les autres réacteurs d’essais sont également vieillissants. Mais surtout, les fabricants de combustibles et les grands électriciens, en tête desquels EDF, doivent répondre aux mêmes évolutions de marché (besoins en énergie, sûreté…) et sont les premiers demandeurs en matière d’expérimentation nucléaire. «D’où l’intérêt de développer un outil commun où seront mutualisés les efforts de R&D» , explique Daniel Iracane, chef du projet RJH au CEA.

RJH, un réacteur d’essais polyvalent

Une centaine de personnes se consacrent actuellement à la conception du RJH et de ses dispositifs expérimentaux. Une enveloppe de 532 millions d’euros est réservée à son développement et à sa construction. Existant aujourd’hui en maquette numérique 3D, le projet est de mettre en service le RJH en 2014, sur le site de Cadarache du CEA (Bouches-du- Rhône), où il bénéficiera du voisinage immédiat d’autres infrastructures de recherche (voir articles « Chauds les labos ! » chapitre 5). Une telle synergie fera alors de ce site le pôle européen de la recherche nucléaire sur la fission !
Le RJH sera un réacteur d’essais polyvalent, dans lequel une vingtaine d’expériences pourront être menées de front (une dizaine aujourd’hui dans Osiris). D’une puissance de 100 MW, il fournira des flux de neutrons rapides deux fois plus intenses que ceux d’Osiris (soit 5·10 14 neutrons/ cm 2 /s) permettant d’accélérer les tests pour améliorer et qualifier les matériaux des réacteurs de génération III, et pour expérimenter des échantillons de nouveaux matériaux et combustibles pour ceux de génération IV.

Encore plus d’expériences

Autres flux à son arc : ceux des neutrons thermiques, indispensables pour tester et améliorer les performances des combustibles utilisés dans les réacteurs actuels et à venir. Les irradiations sont accompagnées d’une instrumentation importante pour suivre en ligne l’évolution des échantillons, comme, entre autres, la mesure des produits de fission issus du combustible. Reste à créer, autour du RJH, outil international par nature, une collectivité des utilisateurs qui mettent en commun leur savoir-faire. «Une véritable révolution culturelle dans le petit monde du nucléaire» , sourit Daniel Iracane.

 

A savoir :

La collaboration européenne se concrétise dans une première étape regroupant 12 partenaires européens issus de la recherche et de l’industrie : le CEA, EDF, Framatome-ANP, Technicatome, le Centre d’étude de l’énergie nucléaire belge (SCK-CEN), les instituts de recherche tchèque (UJV), néerlandais (NRG), finlandais (VTT), l’université allemande de Karlsruhe, les électriciens suisse KKL, finlandais Fortum et espagnol Iberdrola.

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